Dans le Golf de Guinée, se cache un archipel méconnu, découvert par les navigateurs portugais au XVe siècle, composé de deux îles volcaniques, Sao Tomé et Principe, couvertes de forêts tropicales si denses que vues d’en haut, elles ressemblent à deux émeraudes posées sur l’océan Atlantique.
Les îles restent prospères jusqu’au début du XXe siècle, grâce à la culture de canne à sucre, du café et du cacao dont elles sont encore en 1913 le premier producteur mondial.
Après la déclaration d’indépendance et le départ des Portugais en 1975, les plantations sont abandonnées et les îles tombent dans l’oubli jusqu’à ce que Mark Shuttleworth, un riche sud-africain génie de l’informatique, tombe amoureux de l’île de Principe et décide de lui donner un nouvel élan sur un modèle écologique en y investissant massivement.
Aéroport, infrastructures routières, écoles, plantations de cacao, restauration de maisons, protection des tortues et de la forêt, l’île de Principe revit grâce à ce généreux mécène, surnommé « l’homme de la lune », pour avoir été le deuxième touriste de l’espace.
Reste à attirer dans ce paradis retrouvé une clientèle soucieuse de la qualité de l’environnement, aimant la mer et la nature mais aussi le confort et la modernité.
Pour rénover le Lodge « Praia Bom Bom », restaurer de fond en comble une ancienne plantation sur les hauteurs « Roça Sundy » et créer sur la plage un hôtel de luxe, Mark Shuttleworht fait appel à l’architecte Designer Didier Lefort et à son équipe du cabinet D.L.2.A, dont il apprécie les réalisations.
Sa vision est profondément écologique et sociale. Il souhaite investir dans un hôtel exceptionnel en faisant appel à des techniques innovantes qui s’intègrent harmonieusement avec la nature, le rendant presque invisible de la mer. Sa préoccupation étant aussi de créer des emplois dans cette île dépourvue d’économie.
Pour minimiser l’impact au sol et préserver l’environnement, DL2A propose un procédé d’avant-garde qui consiste à remplacer les fondations traditionnelles par d’immenses vis soutenant une plateforme de bois sur laquelle sont fixés de grands mats qui supportent une tente en structure tendue.
Cette tente est composée d’une double toile armée, fabriquée en France, à très haute résistance, adaptée à un climat tropical, résistant au vent et à la pluie. Sa couleur claire permet de laisser entrer une lumière diffuse, laissant même passer les rayons de la lune. Un lit à baldaquin totalement occultant assure aux dormeurs l’obscurité absolue et assourdit la nuit, les bruits de la jungle environnante.
Les parois extérieures sont en bardeaux de bois irréguliers, un clin d’œil aux maisons des villages de pêcheurs de l’île.
Après 20 mois de travaux, à l’aube de 2018, Sundy Praia ***** voit le jour. Le village composé de 24 villas-tentes dotées de grandes terrasses privatives, compte 8 tentes de 75 m2 individuelles, 5 suites composées de 2 tentes et 2 suites de trois tentes avec piscine privée. Les salles de bains style « out of Africa » ont une baignoire taillée dans le granite avec une pleine vue sur la forêt.
Un pool bar entouré d’arbres et équipé d’une grande piscine à débordement permet de déjeuner en bordure de plage.
Toujours dans un souci de développement durable, le restaurant, de 100 couverts, a été entièrement construit en bambous de 10 m de long, en provenance de la société Ibuku en Indonésie. L’ensemble a principalement été assemblé avec des liens naturels mais aussi avec des boulonnages aux endroits clés. Sa forme est celle d’un immense poisson de plus de 24 m de long, 11 m de haut d’un coté et 3 m de haut de l’autre, une inspiration venue sans doute des baleines qui croisent au large.
La décoration des chambres fait appel à des fabricants de renom tels que : Roda, Gervasoni et Pierre Frey, la majorité des meubles sont dessinés par D.L.2.A et fabriqués au Portugal mais les artisans locaux sont également mis à contribution: tressage des lampes inspirées des nasses à poissons, pavage et murets en basalte, jarres taillées dans des troncs d’arbres et construction de longues pirogues pour jouer les explorateurs vers les plages désertes.
Photographe : Geraldine Bruneel